Hugues Pluviôse est sans doute l’un des secrets les mieux gardés de la scène chanson nantaise. Auteur compositeur chanteur, son écriture en clair-obscur est teintée d’une mélancolie lumineuse. Sa musique, traversée par différents courants actuels, offre au piano une place centrale.

Marcher longtemps, son cinquième album, contient 11 titres dont ‘La promesse’ en duo avec Dominique A. Ayant pour thème le cheminement, l’échappée, la migration ; mêlant souvent l’intime et le politique ; ces chansons composent bout à bout le récit d’une étrange odyssée intérieure. Dans un esprit synthpop intimiste, le piano rencontre ici et là synthétiseurs, beats, batteries minimales, vibraphone, basse, clarinette et cor d’harmonie.

Marcher longtemps, c’est ce qu’il aura fallu vivre pour parvenir à écrire ces nouvelles chansons ; passer de longues heures en forêt ; entrer pas à pas dans une sorte de transe ; partir avec un air en tête et la volonté de trouver ce que raconte exactement la mélodie, obsédante, de trouver les mots qu’elle suggère naturellement.

Marcher longtemps pour que l’alchimie opère, que verbe et mélodie fusionnent quelque part en soi, dans son athanor intérieur, comme si l’écriture d’une chanson pouvait être une voie de transformation psychique, spirituelle.

Marcher longtemps, en pleine introspection, dans la nébuleuse du songe, du souvenir (‘Vagabondes’, ‘Notre vivant’, ‘Claquemur’, ‘La traversée’, ‘Surface de réparation’).

Marcher longtemps en solitaire pour s’extraire un instant du monde, pour mieux l’interroger, questionner le “vivre ensemble”, (‘La promesse’, ‘L’usage de la parole’, ‘L’avenir’).

Marcher longtemps pour affronter l’effondrement personnel, la rupture amoureuse (‘Marcher longtemps’ titre éponyme).

Marcher longtemps, collectivement, comme y sont contraint.e.s les migrant.e.s, ces peuples chassés de leur terre (‘Costumes de peau’) ou comme celles et ceux qui, contre vents et marées n’ont de cesse d’inventer « le monde d’après », de montrer l’exemple (‘La Grande Vigie’).

Marcher longtemps donc, pour écrire cet autre album.

Hugues Pluviôse en a par ailleurs réalisé quatre autres  avec Immobile hobo (2013), 12 chansons-lucioles (2008), Les lois de la pesanteur (2003) et Portrait caché (1999). Il a participé aux enregistrements des deux premiers disques de Delphine Coutant et accompagné la chanteuse au Printemps de Bourges ainsi que sur les tournées qui s’ensuivirent. Il compose et joue aussi pour le Spectacle vivant, notamment pour le Groupe Artistique Alice, compagnie nantaise d’Art de la rue.