L’artiste indie folk d’origine irlandaise Ailbhe Reddy s’apprête à sortir son très attendu deuxième album, Endless Affair, solution idéale pour les gueules de bois affectives longue durée. Inspiré par ses relations amoureuses et ses souvenirs éclatés d’innombrables soirées en début de vingtaine, ce disque explore avec tendresse la résilience d’une Reddy qui reconnaît sa difficulté à laisser le passé s’éloigner.

Le nouvel album a été écrit et enregistré entre janvier 2019 et octobre 2020. Reddy s’est associée au producteur Tommy McLaughlin (déjà présent sur son premier album Personal History) pour coproduire Endless Affair. Elle a savouré son influence nouvelle et la possibilité de créer un son parfaitement équilibré. L’album conserve l’esprit à vif du premier, mais pousse plus loin encore ce talent inné pour une écriture à la fois personnelle et universelle.

Qu’il s’agisse de scruter sa gueule de bois sur le morceau d’ouverture « Shitshow », de sentir les murs se rapprocher sur « Last To Leave » ou d’admirer la façon unique dont la lumière sculpte le corps de son partenaire sur « Shoulderblades », le talent de Reddy pour revisiter un moment et le rendre plus poignant – ou douloureux – qu’auparavant prend aux tripes sans prévenir tout au long du disque.

L’artiste dévoile ses émotions avec une honnêteté attachante, sans faire l’impasse sur la souffrance. Sur « Bloom », superbe de sincérité, elle apprend à « saisir l’amour là où il est planté » (“take love where it’s planted”). « Damage » est l’occasion pour elle d’exposer les plaies béantes occasionnées par une rupture, et elle se souvient d’une période d’apathie douloureuse sur « Inhaling ». Reddy mène toutes ces explorations avec charme, patience et une grâce impressionnante. C’est particulièrement vrai pour « Pray For Me » (chanson dédiée à sa grand-mère décédée), qu’elle a enregistrée dans sa chambre à Dublin, et pour « Motherhood », une ode émouvante que Reddy a cultivée et fait mûrir à intervalles très réguliers pendant l’enregistrement de l’album. Endless Affair est également imprégné de moments de joie insouciante, illustrés par les déferlements rythmiques et les riffs à l’énergie de la chanson « A Mess », et ses tentatives de s’attaquer verbalement à un ex sur « ILYW » (« I’m Losing You’re Winning »).

Méditation poétique aux vertus réconfortantes sur la quête de soi, Endless Affair nous rappelle que nous sommes juste des « amateurs », tentant de donner un sens aux bleus qui surgissent mystérieusement sur notre corps les matins d’après fête. Reddy s’appuie sur notre besoin d’être avec les autres, de multiplier les expériences, tout en rappelant aux auditeurs qu’ils ne manquent rien s’ils doivent quitter la fête tôt.