Bongeziwe Mabandla
Avec amaXesha, son quatrième album, l’artiste sud-africain Bongeziwe Mabandla s’affirme comme le chef de file d’un son afro-indie qui trouve son public partout dans le monde, en proposant un style musical parmi les plus singuliers qui soient.
Déjà récompensé à plusieurs reprises dans son pays, avec à son actif deux South African Music Awards (SAMA) du meilleur album alternatif, Mabandla fait des tournées en Europe depuis cinq ans. Son nouvel album illustre la façon dont la musique peut être invoquée de manière nouvelle, en des lieux nouveaux, pour de nouveaux publics.
AmaXesha (qui signifie « l’époque » en xhosa), œuvre de l’âme énigmatique de la soul africaine (comme on surnomme Mabandla), aborde les thèmes du temps et de la compatibilité amoureuse. Ecrit en pleine pandémie de Covid alors que l’Afrique du Sud était confinée, l’album de Mabandla est le fruit d’une introspection sur l’importance du lien, en particulier sur la façon dont ce besoin peut nous faire revenir au même type d’expériences et de résultats dans nos relations amoureuses. C’est ce qu’il appelle « nos boucles de vie ».
Les 14 chansons d’amaXesha sont une contribution exceptionnelle, à fleur de peau, au genre ancestral de la chanson d’amour.
Qu’il s’agisse sur « ndikhale » de ces moments où l’on est à vif, après avoir été éconduit sans prévenir par la personne qu’on aime, ou d’être imparfait et amoureux d’une personne imparfaite sur le premier single « noba bangathini », voire du côté sombre de l’amour sur l’atmosphérique et dense « ukuthanda wena », on voyage aux côtés de Mabandla. L’artiste sillonne, le cœur sur la main, les territoires de l’amour, – retours en arrière pour recoller les morceaux, secondes chances, croire à nouveau en l’autre, reconstruire ensemble, quoi qu’en dise l’entourage. Telles sont les paroles d’amaXesha. Avec Mabandla, les mots semblent être faits de matière : pleins, dignes d’être analysés attentivement, en profondeur, animés par le déferlement d’émotions qui ont enflammé son écriture.
amaXesha est le fruit d’une collaboration renouvelée entre Mabandla et le compositeur, instrumentiste et producteur Tiago Correia-Paulo. En créant la musique de l’album, Mabandla et Correia-Paulo se sont délibérément éloignés de l’élan créateur des trois précédents albums de l’artiste, qui résidait dans l’alliance entre la voix de Mabandla et sa guitare acoustique, sans grand besoin d’amplification.
Cette fois, les deux artistes ont cherché à créer des chansons à partir d’un synthétiseur ou d’une boucle de batterie, la voix venant en second. Ce processus a donné naissance à des chansons enracinées dans la musique traditionnelle xhosa que Mabandla a entendue à Tsolo, dans la province sud-africaine du Cap-Oriental, où il a grandi en chantant à l’église, à l’école et à la maison. Mais ces chansons sont imprégnées de multiples saveurs, parmi lesquelles la soul, le R&B, le jazz, la pop et pour une large part l’électronique. Cela confère à l’album un son unique que l’on peut qualifier d’afro-indie. Sur « hlala » par exemple, l’appel répété à l’être aimé pour qu’il reste est porté par le synthé et les percussions, au point de créer peut-être la chanson la plus pop de Mabandla. « libali », pour sa part, scintille au gré de ses chœurs hypnotiques et entraînants, et de ses influences jazz, avant de s’estomper dans la simplicité d’un chant d’oiseau.
Parmi les artistes qui ont travaillé sur amaXesha, on retrouve l’ingénieur du son Stephen Sedgwick, nommé aux Grammy Awards (Gorillaz, Blur, Fatoumata Diawara, Lana Del Ray, Benjamin Clementine) : « Bongeziwe a une voix magnifique, pleine de caractère et chargée d’émotion, et j’aime la façon dont elle est accompagnée sur l’album par les textures atmosphériques et les sons percussifs si vivants de la production, confie Sedgwick. Mon objectif principal avec le mixage était d’apporter aux chansons une sensation d’espace et de clarté qui fasse faire ressortir tous les détails, tout en préservant le naturel et la chaleur des enregistrements originaux. C’est un très bel album et je suis heureux d’y avoir participé. »
Mabandla a étudié l’art dramatique à l’école AFDA, à Johannesburg. En 2022, il a confirmé ses multiples talents en rejoignant la distribution d’un film tourné à Kinshasa par le musicien et cinéaste Baloji. Comme Moses Sumney et Petite Noir, Mabandla s’inscrit dans un héritage, sans craindre une expérimentation susceptible de provoquer un changement culturel et d’apporter un vent de fraîcheur. amaXesha tient la promesse des précédents albums de l’artiste, Umlilo (2012), Mangaliso (2017), puis iimini (2020), – qui a été en tête des ventes sur iTunes et Apple Music, véritable bande-son de la pandémie, et compagnon du nouvel album à bien des égards.
Dans les mois qui vont suivre la sortie d’amaXesha, Mabandla présentera l’album dans le monde entier, nouvelle preuve du rôle de liant de la musique, en dépit des différences de langue ou de culture. Mabandla se produira notamment en Suisse, aux Pays-Bas et le 1er juin au 100 Club de Londres, où il affiche déjà complet et où un autre concert est prévu pour répondre à la demande. Ces concerts font suite aux tournées à guichets fermés que Mabandla a effectuées en Afrique du Sud et en Europe au cours des deux dernières années.
A l’occasion de la sortie d’amaXesha, Mabandla se réjouit de poursuivre, tout en l’élargissant auprès de nouveaux auditeurs, le voyage intime qu’il a entamé avec son public au fil des trois premiers albums : « Je suis en quête de ces sentiments authentiques, – de ces moments humains qui permettent une connexion profonde et durable avec l’auditeur ».