Laurence-Anne
L’univers musical de Laurence-Anne est composé de paysages. Pas seulement ceux qui l’entourent, mais aussi ceux qu’elle fabrique quand son esprit divague, qu’il prend le dessus sur la réalité. Ces paysages prennent diverses formes, mais se retrouvent le plus souvent constitués de mélodies envoûtantes, de synthétiseurs luxuriants, de rythmes synthétiques et de textures brumeuses, le tout enrobé de sa douce voix capable d’instaurer aussi bien le réconfort que l’inquiétude. Leur point en commun, c’est qu’ils sont tous indissociables de Laurence-Anne, intimement liés à ses expériences et profondément teintés de sa perspective.
C’est en 2017 qu’elle nous offre son premier vernissage musical en se rendant jusqu’à la finale des Francouvertes, la menant jusqu’à révéler deux ans plus tard l’album Première apparition, sur lequel elle jette les bases de son identité créative. Immédiatement encensé par la critique, l’album atteint la longue liste du prix Polaris et le sommet du palmarès des albums francophones de l’année à CISM, une première infiltration dans notre imaginaire qui lui permet de présenter ses œuvres dans la plupart des festivals notables du Québec (La Noce, FME, Frimat, FEQ, Le Festif). Le mot se passe, et Laurence-Anne ne tarde pas à se rendre en France (MaMA, Aurores Montréal) pour y exposer le reflet de ses pensées. À son retour, elle livre Accident, un EP traduisant une certaine urgence à saveur post-punk.
Ses explorations musicales l’amènent à son deuxième album, Musivision, déployé en 2021. Coréalisé par Félix Petit (Les Louanges, Safia Nolin, Hubert Lenoir), Musivision renforce l’essence de son projet, qui se situe alors entre la dream pop et la synthpop tout en demeurant éclectique. Encore une fois, la chanteuse et musicienne frappe la critique droit au cœur, son univers feutré s’immisçant parmi les nominations de tous les galas musicaux de la province et attirant davantage l’attention en France. L’année suivante, c’est au tour des États-Unis d’être charmés par ses mélodies, alors qu’elle sillonne le pays pour assurer la première partie du groupe sud-coréen Se So Neon. Son périple est d’ailleurs marqué par une performance mémorable à SXSW. Elle est aussi de passage au Mexique pour faire découvrir son projet aux radios indépendantes les plus influentes du pays, notamment Reactor, la Bestia Radio et Ibero. En mai 2023, elle continue de faire voyager sa musique, se produisant dans le cadre de plusieurs festivals au Royaume-Uni, notamment FOCUS Wales, Liverpool Sound City et Wide Days.
En septembre 2023, Laurence-Anne révèle Oniromancie, un troisième album réalisé aux côtés de François Zaïdan qui s’avère plus dense, obscur et nocturne que ses précédents, sur lequel elle pousse plus loin les codes qui avaient déjà été instaurés sur Musivision. Sans doute son œuvre la plus conceptuelle à ce jour, Oniromancie est aussi celle qui s’inscrit le plus directement dans la dream pop, rappelant au passage les sonorités d’artistes tels que Beach House, Weyes Blood et Cocteau Twins. Toutefois, notre architecte de l’intangible ne s’y limite pas, incorporant des touches de coldwave et de musique expérimentale ici et là pour mettre en lumière les différentes facettes de la nuit, du rêve douceur aux cauchemars paralysants. L’écriture automatique y trouve aussi sa place, question de donner libre cours à son subconscient. En résulte une musique onirique et intime sur laquelle elle se dévoile plus que jamais tout en approfondissant le mystère qui l’entoure, qui parvient à envoûter en dévoilant un paysage qui n’existe que pour ceux qui tendent l’oreille.