EKKSTACY
Durant les huit mois qui ont suivi la sortie du deuxième album d’EKKSTACY, le bien nommé Misery, empreint de gothique et de post-punk, la star indé de Vancouver n’a pratiquement pas arrêté les tournées. Entre les concerts et les festivals à travers l’Europe et l’Amérique du Nord, y compris ses débuts à Lollapalooza, EKKSTACY a trouvé le temps de travailler à un troisième album, l’éponyme EKKSTACY, dont la sortie est prévue pour janvier 2024. Incluant des collaborations avec les rappeurs The Kid LAROI et Trippie Redd, le nouveau projet du musicien de 21 ans est plus ample et plus dynamique que tout ce qu’il a fait jusqu’à présent. EKKSTACY s’est fait connaître pour sa musique sombre et brute – qu’incarne parfaitement le single « i walk this earth all by myself » – mais on le retrouve ici, de plus en plus impliqué dans la production, s’appuyant sur des sons indie rock et surf punk plus lumineux qui témoignent d’une confiance grandissante dans son art.
Cet album nous propulse en 2010, l’année de King of the Beach de Wavves, d’Astro Coast de Surfer Blood, de Teen Dream de Beach House, de Girls, MGMT et Japandroids, qui se retrouvent tous dans les sonorités d’EKKSTACY. Malgré le fait qu’à l’époque, l’artiste était encore à quelques années d’apprendre la guitare. Des chansons comme « fuck », « luv of my life » et « goo lagoon » ont cette énergie typique des concerts de rock garage sur le front de mer l’été. « goo lagoon » en particulier, un titre phare écrit dans une chambre d’hôtel à L.A. qui compte parmi les préférés d’Ekkstacy, est riche en guitares, enjoué et un brin collant : au début, une voix loufoque de série B nous informe qu’on est sur le point d’entrer dans “A stinky mud puddle for you and me” (« une flaque de boue puante pour toi et moi »), où l’on s’enivre au bord de l’eau et où l’on paresse au bord de la mer. « I guess we made it this far » et le titre d’ouverture « i don’t have one of those » sont quant à eux des morceaux discrets, rêveurs et rythmés par la batterie, empreints d’une mélancolie ensoleillée. La musique est devenue l’exutoire d’EKKSTACY après avoir lutté pour sa santé mentale. La raison en est évidente : il y a de la joie dans la musique, à travers le brouillard de la morosité.
Bien qu’EKKSTACY et ses amis et collaborateurs Mangetsu et Apob aient écrit et enregistré ce troisième album par à-coups, dans les temps morts des tournées de ces dernières années, et qu’EKKSTACY préfère le processus de sortie rapide qu’il doit à ses origines SoundCloud, EKKSTACY ressemble bel et bien à un album. On ne sera pas surpris qu’EKKSTACY et ses coéquipiers aient beaucoup écouté les Ramones, The Strokes et My Bloody Valentine. On ressent le punk joueur, les accords puissants du rock indé, la production céleste. On est en pleines montagnes russes, les remontées succèdent aux naufrages, tout au long des hauts et des bas. Souvenir de voyages sur la banquette arrière de la voiture, besoin d’être seul avec une guitare – tout est bien, hanté, le cœur qui s’accélère, souvenirs de Chicago, nuages et pluie et soleil en même temps – et toujours ces accords entre langueur et vitesse, et la voix douce, élastique, d’EKKSTACY.
« Je pense que tout est cool, a confié EKKSTACY au magazine Office en 2022. Parfois, j’écoute du rap et je me dis : “ Je veux être rappeur !” Et puis j’entends une chanson de métal et je me dis : ” Je veux faire du métal”. » C’est cet élan créatif total et éclectique qui fait de la musique d’EKKSTACY ce qu’elle est, – et c’est ce qui rend ce nouveau chapitre si jouissif. « Ce projet éponyme est une collection de trucs que j’ai ressentis pendant presque deux ans », explique EKKSTACY. Il a bâti l’album pour refléter l’expérience des tournées durant cette longue période, sans possibilité de se maintenir dans un état d’esprit constant ou un unique sentiment pendant plus de quelques jours, tout en se déplaçant de la chambre d’hôtel au van, puis aux loges, à la salle de concert, et ainsi de suite. A l’exception d’un séjour de deux semaines à Lake Arrowhead, en Californie, où il a enregistré une grande partie de l’album. « Il faisait super froid à Arrowhead et je me souviens à quel point je me suis senti isolé et bizarrement seul », rzaconte-t-il à propos de cette expérience. « Honnêtement, je voulais partir. Beaucoup des chansons que j’ai composées là-bas ont fini par parler de l’envie d’être ailleurs. »
EKKSTACY a tout ce qu’il faut. Une hyperactivité tenue. C’est grand, c’est réfléchi, ça vous donnera même sûrement envie de vous éclater. Il y a la douceur de « Problems », à laquelle Trippie Redd a contribué (EKKSTACY a « grandi en écoutant Trip », c’est donc très spécial) ; les riffs venteux de « the headless horseman lost his way », qui rappellent l’emo-post-hardcore de Title Fight ; l’humeur douce et entraînante de « alright », la collaboration avec The Kid LAROI. Et il y a celle qu’EKKSTACY appelle The One : « bella », c’est comme si on prenait tous les coups de cœur et toutes les influences d’EKKSTACY et qu’on les réunissait dans une tuerie de 2 minutes 30. Imaginez les fans d’EKKSTACY dans l’une des immenses salles où il joue, en plein pogo.