Klô Pelgag
Abracadabra comme une quête d’absolu, comme un désir de croire encore à quelque chose. Pour tous les nœuds qu’on doit faire disparaître pour apparaître tel qu’on est véritablement, sans peur et sans gêne. Une formule qu’on aimerait voir tout régler, tout résoudre. Un mot qu’on se répète en fixant la fenêtre. À force de le répéter, finira-t-il par ouvrir une porte à l’intérieur de soi ? Abracadabra, un mot ridicule mais pourtant beau qui nous épargnerait les efforts que ça prend pour aider notre prochain ou pour s’aider soi-même. Abracadabra, un mot qui m’appelle à le déconstruire et auquel je voudrais offrir un autre sens. Abracadabra comme cette pilule magique que me prescrit mon médecin pour dormir, comme mon téléphone qui m’empêche de penser quand mon esprit part en couille, comme l’alcool qui me console et me redonne cette joie qui me quitte trop souvent. Et dans cette quête d’absolu et de sens, dans cette constante chasse au fun se retrouve le désir de créer quelque chose que je ne connais pas mais qui me ressemble pourtant. Une musique qui me transperce aussi férocement que mes émotions, un sentiment de bout de falaise et de chute infinie qui créent l’urgence d’écrire. Et de toutes les manières et pour toujours probablement, je tenterai d’attraper cette chose intangible et innommable, chose à ressentir momentanément et qui me donne parfois l’absurde envie de le dire: ça y est, abracadabra.
Chaque nouvel album de Klô Pelgag réitère la place unique qu’elle occupe dans le paysage culturel francophone. Abracadabra n’y fait pas exception. Dès les premiers instants de musique, on constate que les contrastes qui ont toujours fait partie de l’œuvre, se sont raffinés. Que les images poétiques puissantes et évocatrices se sont précisées. Entre fragilité et complexité, les envolées mélodiques se fragmentent pour réapparaître transfigurées. Les chansons font place à toute l’élégance de la voix de Klô Pelgag et témoignent d’une véritable recherche exploratoire par les diverses façons dont elle en fait usage. La magie s’exerce dans cette capacité à surprendre et dans ce refus apparent de stagnation créative. Avec Abracadabra , Klô Pelgag espère qu’une simple formule puisse adoucir ce monde. Elle s’amuse et se questionne entre certitudes et angoisses ; dans une manifeste quête de sens. Un album qui réaffirme ses phénoménales capacités comme compositrice, arrangeuse et instrumentiste et qui fait d’elle l’une des forces créatrices les plus uniques de sa génération.
Cette fois, œuvrant seule à titre de réalisatrice, Klô Pelgag s’est entourée de son château fort des dernières années: Étienne Dupré (Synthétiseur, Basse, Boîte à rythmes, Timbales, Shakers), François Zaïdan (Guitare / Synthétiseurs / Flûte / Omnichord), Pete Pételle (Batterie, Percussions, Claquements de mains / Boîte à rythmes), Virginie Reid (Piano, Synthétiseurs) et Pierre Girard (Mixage).
Klô Pelgag est une artiste bien établie au Québec et au Canada, cumulant 20 Félix aux Galas de l’ADISQ en carrière, un prix JUNO, une nomination sur la courte liste et une sur la longue liste du Prix de musique Polaris, des concerts à guichet fermé au MTelus et des collaborations et apparitions aux concerts de CRi, Patrick Watson et Pomme. Son dernier opus Notre-Dame-des-Sept-Douleurs obtient les accolades des médias. Au Canada, le Exclaim! lui donne 8/10 et au Québec les critiques sont unanimes: 5 étoiles du Journal de Montréal « Le LP de 2020, on le tient », 9/10 dans Le Canal Auditif « une œuvre pertinente et audacieuse » et 4 étoiles de La Presse, « un album riche ».