Mamman Sani & Tropikal Camel
La musique d’orgue électronique de Mamman Sani, enregistrée pour la première fois en 1978, a fait de lui un héros national au Niger. Elle l’a amené à écrire le nouvel hymne national du Niger et est depuis longtemps chérie par les aficionados pour son mélange unique de mélodies traditionnelles nigériennes et d’expérimentations synthétiques. La musique de Mamman Sani incarne un sentiment d’intimité, faisant écho à la présence d’un artiste solo dans la pièce avec l’auditeur.
Cet album est le résultat d’une rencontre fortuite au festival Nyege Nyege en Ouganda durant lequel les deux artistes ont partagé une résidence et un studio et échangé lors de longues sessions d’enregistrement pendant deux semaines, capturant la fusion organique des mélodies synthétiques de Mamman Sani et des rythmes électroniques percutants de Tropikal Camel. Malgré leurs divergences de parcours et d’âge, Mamman Sani ayant 73 ans et Tropikal Camel 44 ans, ils ont trouvé un équilibre dans leur processus de collaboration.
Nijerusalem rend hommage aux sons chauds des synthés des années 80 tout en leur insufflant une esthétique électronique africaine. La musique de Mamman Sani, enracinée dans les traditions folkloriques nigériennes, trouve une nouvelle vie dans cette exploration sonore, résonnant avec authenticité et innovation. Avec Tropikal Camel, ils puisent tous deux dans des contextes culturels riches et variés, créant un dialogue d’échange culturel et de respect mutuel. L’héritage de Mamman Sani, qui plonge ses racines dans les tribus Hausa et Touareg, croise les racines et les intérêts musicaux de Tropikal Camel en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Dans ‘Nomadic’, Mamman Sani capture le voyage vibrant des nomades ruraux à travers un rythme de swing nigérien caractéristique. ‘Sultan Umnaru’s Trip’ est un récit sonore de l’expédition d’un chef de tribu pendant l’ère coloniale française, enrichi par des percussions nord-africaines et une basse en direct, reflétant l’intensité du voyage.
Avec sa cadence de valse, explorant le rythme traditionnel touareg que l’on retrouve dans d’innombrables chansons folkloriques à travers le Niger, ‘Touareg Spaceship’ résume magnifiquement l’essence culturelle du peuple touareg, offrant aux auditeurs un aperçu captivant de leur héritage musical.
Dans ‘Fulani UFO’, Mamman Sani explore le riche héritage culturel des Fulanis, une tribu importante du Niger. Ici, Assayag insuffle un rythme nord-africain, en incorporant l’instrument gimbri que l’on trouve couramment dans la musique gnawa marocaine et dans la musique stambeli tunisienne. Ces traditions musicales rituelles, apportées en Afrique du Nord par les esclaves d’Afrique de l’Ouest, servent de médecine extatique et enrichissent le paysage sonore de la chanson.
Hommage au peuple Songhaï, ‘Sonray Wedding Song’ s’inspire d’une chanson typique chantée lors d’un mariage au bord d’une rivière quand ‘Venusian Lady’, ode universelle à l’amour, jette un pont entre les cultures et les origines. Avec la composition sincère de Mamman Sani et enregistrée à l’origine comme instrumentale il y a 50 ans, le titre évolue dans une version vocale, chantée en anglais et en hausa.
L’urgent ‘Toil, Sweat & Sun’ mêle des échantillons poignants à des éléments disco futuristes, évoquant la solidarité qui s’est manifestée sous la domination coloniale du Niger. Pour clore l’album, ‘Nomadic’ se transforme en une « version » dub électronique, mêlant lignes de basse palpitantes et échos réverbérés pour créer un paysage sonore envoûtant.
Sur Nijerusalem, Mamman Sani et Tropikal Camel nous invitent à pénétrer dans leur univers sonore minimaliste, intemporel et intime.