Piers Faccini & Ballaké Sissoko
Deux décennies après leur toute première collaboration, le singer-songwriter italo-britannique Piers Faccini et le virtuose malien de la kora, Ballaké Sissoko, reviennent avec un album enchanteur : Our Calling. Prévu pour février 2025, cet album offre un dialogue captivant entre un instrumentiste au sommet de son art et un auteur-compositeur orfèvre des mots. Ensemble, ils créent de nouvelles formes de chansons avec une délicatesse qui relie les continents et joue avec les traditions.
Les graines de Our Calling ont été semées lorsque Ballaké Sissoko et Piers Faccini se sont croisés pour la première fois au sein de Label Bleu au début des années 2000, initiant une amitié au long cours et profonde. Au fil des années, ils ont exploré ensemble de nouvelles passerelles entre les traditions mandingues et les formes de chanson folk britanniques et méditerranéennes. Sissoko avait d’ailleurs participé au deuxième album solo de Faccini, Tearing Sky, en 2005.
En 2020, leur dialogue a trouvé un nouveau souffle grâce au label Nø Førmat!, lorsque Ballaké a invité Piers à chanter ‘Kadidja’ en bambara sur son album Djourou. Plus tard, leur collaboration sur la chanson ‘The Fire Inside’ a ravivé leur vision commune, et leur a donné l’envie de signer ce tout premier album en duo – enregistré par Frédéric Soulard (déjà présent sur le dernier album de Piers Faccini, Shapes of the Fall) et réunissant une distribution exceptionnelle de musiciens invités, Vincent Segal (violoncelle), Badjé Tounkara (ngoni) et Malik Ziad (guembri).
À travers dix morceaux finement ciselés, Our Calling est une ode sonore et narrative à la migration sous toutes ses formes : qu’elle soit végétale, telle une graine emportée par le vent, incarnée par des oiseaux, comme le rossignol migrant entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe au fil des saisons, ou humaine, à travers les siècles et les routes commerciales qui ont favorisé le partage des modes musicaux et des rythmes.
Le dialogue entièrement acoustique des deux amis a été enregistré à Paris, côte à côte et en direct, en seulement cinq jours. Si l’album tire son originalité de sa profonde essence malienne, il est aussi subtilement imprégné de l’esprit propre à la chanson folk. Our Calling est ainsi presque exclusivement chanté en anglais, à une seule exception : ‘Ninna Ninna’, un morceau traditionnel du sud de l’Italie, qui rappelle les racines de Piers Faccini et montre une fois encore comment le duo sait rassembler différentes traditions musicales, sans qu’aucune ne prenne jamais l’ascendant sur les autres.
C’est là sans doute le fruit de vingt ans d’amitié et de jeu : les chansons du duo créent une alchimie musicale qui unit et fusionne, tout en gardant les deux voix distinctes et les traditions intactes, suffisamment entières pour pouvoir dialoguer librement.
De nombreux moments de l’album en témoignent, comme ‘Shadows Are’, qui commence par un solo de kora envoûtant, joué dans un mode traditionnel mandingue, avant de se transformer miraculeusement en une chanson rappelant presque un standard de jazz, de ceux que chantait Chet Baker.
Mais ces chansons, tout en rendant hommage à une époque ancienne de la musique et du chant, appartiennent fermement au XXIe siècle. La nature de ce dialogue constitue son originalité même : à aucun moment la kora ne se plie ni ne s’adapte pour trouver une place dans une forme de chanson occidentale, comme cela a souvent été le cas lors de l’âge d’or des fusions musicales dans les années 90 et 2000.
Dès le début, la promesse du duo était claire : ici, la langue musicale devait commencer et se terminer avec les traditions et les modes mandingues. Les chansons, bien que chantées en anglais, suivent cette ligne directrice. Les mélodies, construites et articulées selon des structures mandingues, en sont la preuve. Les grooves ternaires de ‘North and South’ ou ‘Mournful Moon’ reflètent l’intense recherche et exploration des deux artistes au fil des années. Et c’est peut-être la chanson ‘If nothing is real’ qui évoque le mieux ce dialogue originel : un morceau qui trouve un chez-soi à la fois en Afrique et en Europe, et qui est aussi un hommage au rossignol (Sorofé kono en bambara), l’oiseau qui a inspiré les deux vieux amis et les a incités à enregistrer leur propre musique, leur propre appel.