Antoine Corriveau

Oiseau de nuit

Sortie le 25 avril 2025

Secret City

Au commencement d’Oiseau de Nuit se trouvait une foule d’existences imaginées. En puisant en elles et dans chacune des époques de la vie de ces personnages, Antoine Corriveau les a fait entrer en collision, se multiplier et se fondre les unes dans les autres, jusqu’à ne faire qu’une. Comment écrire ce qui grandit au fond de soi et qu’on choisit de ne pas dire? C’est là, au milieu du nœud, que se dressent plusieurs violences invisibles qui s’imprègnent dans la chair et qui peuvent mener à un besoin de dissociation, une envie féroce de se faire autre, double, nouveau, pour passer outre l’empreinte du sombre. Les pièges, les manèges sont multiples; sexualité sans affect, camouflage, compensation, plongeons dans le vide, multiplications de petites morts, fuite à travers le monde, à travers les époques, résurrection. Au fil de la création, la mémoire se mélangeant au fantasme, la ligne entre vies parallèles et souvenirs s’est brouillée. 

 

Le désir premier ayant motivé la conception d’Oiseau de Nuit était celui d’emprunter aux codes de production du hip-hop, sans tomber dans le piège de l’exercice de style. Intéressé à explorer davantage le collage effleuré sur son disque précédent, PISSENLIT, Antoine Corriveau mit la main sur une importante collection de disques vinyles, dans l’objectif de créer un disque de sampling. S’y sentant par contre rapidement à l’étroit, il choisit de se créer des samples sur mesure, en invitant une myriade de musicien·nes à venir enregistrer des improvisations à son studio : Stéphane Bergeron (batterie et co-réalisation), Marc-André Landry (basse), Simon Angell (guitare, saxophone), Sheenah Ko, François Lafontaine (synthétiseurs), Cherry Lena, VioleTT Pi, Rose Perron (voix), Taurey Butler (piano), Éveline Grégoire-Rousseau (harpe), Pietro Amato (cor français), Émilie Fortin (trompette), Kalun Leung (trombone), Laurie Torres (piano), Mat Vezio (batterie) et Ariel Comtois (saxophone). L’énergie de ces improvisations a véritablement fait éclater les limites de ses chansons, où les mélodies s’approchant du RnB côtoient des textes fleuves délivrés sans jamais reprendre son souffle.

 

Ces sessions de recherche très libres ont mené à la réalisation de près de la moitié du disque. Pour le reste, Antoine Corriveau est retourné à ses premières amours, seul au piano ou à la guitare, et a composé plusieurs chansons, arrangées en bonne partie grâce aux sessions d’improvisations enregistrées sur bobines. Les disques qui l’habitaient durant sa création sont ceux des Beastie Boys, de Kendrick Lamar, de Makaya McCraven, d’Armand Hammer, d’Alice Coltrane, de Cymande, de Yusef Lateef, de Lolita Cuevas, de Georgia Ann Muldrow et de Brahja. 

 

Plongeon au creux de l’enfance et de l’adolescence et remontée spectaculaire jusqu’au dévoilement des multiples facettes qui le constituent, voilà le voyage auquel nous convie l’auteur-compositeur-interprète maintes fois primé. Au cœur de questionnements sur son identité – celle publique, celle de l’intimité et celle qui n’appartient qu’à lui seul – Antoine Corriveau révèle dans ce nouvel album ce qu’il n’a encore jamais dit dans aucun disque. 

 

Tout pour se sentir, se savoir en vie.