Jawhar

Khyoot

Sortie le 10 janvier 2025

6T2 Records

Khyoot, le cinquième album de l’artiste belgo-tunisien Jawhar, est le fruit d’une période de renouveau et d’une envie de renouer avec une certaine légèreté et avec cette « simplicité complexe », celle de garder, à l’exécution et à l’enregistrement, le même frisson qu’on ressent au moment où une chanson voit le jour.

 

Khyoot est en arabe le pluriel de « kheet », qui signifie fil, fine corde, filament, ficelle… Dans le contexte plus poétique des chansons de l’album, le mot « khyoot » revient souvent pour désigner les liens avec ce qui se cache derrière le visible, filaments qui traversent l’espace et nous relient à une source puissante et magique.

 

Ce sont ces filons que nous essayons de tenir et de garder au fil des jours, comme une clé vers soi, vers la transcendance de la réalité, vers la création. Ils indiquent tel un chemin vers une foi en ce qui nous dépasse, en un divin invisible qui est néanmoins enfoui en nous.

 

Dès l’écriture des premiers morceaux, Jawhar entend des secondes voix. « J’ai enregistré les premières maquettes en chantant les deuxièmes voix pour les fixer et parce je considérais qu’elles faisaient partie de l’écriture des morceaux. J’avais imaginé ensuite que ces voix seraient chantées par plusieurs invité(e)s sur l’album. »

 

Puis il rencontre AZA sur un festival à Paris, un jour ensoleillé de début d’été, autour d’une table à partager des chansons et des moments précieux en compagnie notamment du duo tunisien Ÿuma. « Elle m’a appris alors qu’elle s’était installée à Bruxelles depuis peu. Nous nous sommes donc revus à la rentrée et avons commencé très naturellement à chanter les nouveaux morceaux. AZA est rentrée et s’est « installée » dans les morceaux avec une telle aisance et naturel que je ne me suis plus trop posé la question de qui chanterait les deuxièmes voix. » Bien que sa musique et les projets avec lesquels elle a évolué auparavant soient très différents de l’univers de l’album, elle a tout de suite la justesse d’interprétation et la retenue qu’il faut pour ces nouveaux morceaux. Et sa rencontre insuffle de la fraîcheur dans les morceaux en cours et accélère le processus d’écriture des textes.

 

Comme la plupart des événements autour du développement de Khyoot, les éléments s’assemblent naturellement, les filaments se sont déployés et il faut simplement les accueillir.

 

Lorsque Jawhar travaille sur un album, il essaie d’y voir un chemin, d’abord pour lui-même, puis pour l’auditeur·ice qui va le traverser. Ainsi, l’idée de Khyoot et des filaments magiques et invisibles est celle de se laisser porter par une période plus lumineuse puis de suivre à la trace où elle mène. 

 

Au fil de l’écriture des chansons puis de l’ordre qu’il a souhaité leur donner dans l’album, un chemin lui a semblé se dessiner. C’est finalement le parcours émotionnel qui se dégage de tout voyage ; même si on part plein d’entrain, il y a des moments où l’on s’arrête et on se pose des questions. On se demande alors pourquoi les fils magiques qu’on apercevait dans l’air hier sont aujourd’hui moins présents, qu’est ce qui fait le bonheur de ces moments, et qu’est ce qui le fait disparaître.