Rasco

Dmaot

Sortie le 03 mai 2024

Batov Records

Soleil, mer et surf rock convergent en une pop hypnotique et onirique sur Dmaot, l’enchanteur deuxième album du trio Rasco, champion de la guitare et des harmonies vocales.

 

Tirant son nom du morceau à succès de Charlie Megira ‘At the Rasco’ et influencé par des icônes comme les Cramps, les Beach Boys, Elvis ou April March entre autres, Rasco extrait avec soin l’essence et le son distinctif des groupes de surf et de garage des années soixante et les distille dans un contexte moderne et typiquement méditerranéen. Mêlant des harmonies vocales éthérées et d’irrésistibles riffs de guitare, Rasco crée avec habileté une œuvre unique qui ferait merveille dans le mythique Roadhouse de Twin Peaks.

 

La guitariste électrique Eden Atiya et la bassiste Gaya Wajsman se sont croisés pour la première fois dans un sous-sol enfumé de Jérusalem, avant de s’associer au batteur Itay Hamudi. Leur premier album éponyme, avec ses riffs de guitare accrocheurs entrelacés à des paroles mystérieuses et éthérées, chantées en hébreu, avait attiré l’attention d’artistes de renom comme Hania Rani.

 

Les guitares hypnotiques de Rasco et un son très vocal ont permis au groupe de partager la scène avec des groupes psychédéliques du monde entier comme Altin Gun, Boom Pam et Messer Chups. 

 

Dmaot (« Larmes » en hébreu) marque une évolution signifiante par rapport au premier disque du groupe. L’album dévoile un aspect plus sombre et plus complexe, avec un virage shoegaze typiquement années 80. Produit par le multi-instrumentiste Uri Brauner Kinrot, leader de Boom Pam, pionnier de la résurgence actuelle du surf rock moyen-oriental et désormais compagnon de label chez Batov Records, le nouvel album est encore plus percutant, tout en conservant le pouvoir hypnotique propre à Rasco.

 

S’appuyant sur différents scénarios, Dmaot nous immerge dans des paysages oniriques. Des brumes de ‘Layla’ surgissent des trajets en voiture nocturnes dans la montagne, tandis que ‘Nahar/Rau’ fait se refléter des prophéties dans les rivières, les oiseaux et le sable. ‘Suzi Suzuki’ est une ode au Japon, et ‘Louisa’ rend hommage à la grand-mère de Itay Hamudi. Selon Eden Atiya, le thème dominant est celui de la « nostalgie de quelque chose que l’on n’a jamais vécu ». De même, ‘Sleeping Sea’ évoque la toute-puissance de la mer, même lorsqu’elle est la plus calme, avec ses accords d’orgue Hammond et sa guitare qui rappellent ‘Wicked Game’ de Chris Isaak.

 

Dmaot  explore également la dichotomie entre la vie en ville et la vie à la campagne. « C’est vraiment quelque chose qui définit notre écriture, fait remarquer Eden. Ce mélange entre des sons électriques plus lourds et des paroles mystiques inspirées par la nature. »

 

S’ouvrant sur un motif de guitare en forme de carillon avant que la première vague de trémolo typiquement shoegaze ne frappe, ‘Layla’ alterne avec un pré-refrain lynchien, tandis que la chanson se fraye un chemin vers le cortex. ‘Nahur Rau’ transpire l’hymne garage rock, avec son rythme de groupe typique, ses claquements de mains et ses riffs de guitare fuzz, contrastés toutefois par le style décontracté de Rasco. Et il y a cette incroyable reprise de ‘Head Over Heels’ de Tears For Fears, qui fait le pont entre The Smiths, Julee Cruise et les B-52s, dans le style envoûtant du groupe.

 

Rasco est un trio qui défie les genres et transcende les frontières du surf rock et du psychédélisme, pour créer un mélange envoûtant de sons et d’émotions. Dmaot  témoigne de l’évolution des trois artistes et de leur capacité à tisser des paysages sonores bien à eux.