Balimaya Project
L’histoire du Balimaya Project débute à Harlesden, au nord-ouest de Londres, lorsque le jeune Yahael Camara Onono rencontre pour la première fois les tambours mandingues de son héritage ouest-africain. Né d’une mère nigériane et d’un père sénégalais, Camara Onono a grandi dans les rythmes de la diaspora, tout en s’imprégnant des métissages typiques de la scène musicale londonienne.
Guidé par le maître du djembé Sidiki Dembéle, Camara Onono s’est forgé un style percussif qui trouve ses racines dans les traditions du Mandé, région située au sud de l’actuel Mali. Il s’est imprégné de musiciens comme Nahawa Doumbia, Oumou Sangaré, Salif Keita et Ali Farka Touré d’un côté, et Marvin Gaye, Mahalia Jackson, D’Angelo et Vybz de l’autre, tout en développant ce qu’il appelle une « oreille londonienne » (“a London ear”), attentif à l’influence des rythmes africains et caribéens sur les sons jazz, grime et funky house de la capitale britannique. « J’ai toujours voulu représenter avec justesse la façon dont la musique d’Afrique de l’Ouest est perçue dans la diaspora, et comment elle entre en contact avec d’autres genres et quelque chose qui exprime fidèlement ma trajectoire musicale. »
Après avoir fait ses armes au sein du groupe afro-vénézuélien Family Atlantica et du groupe de jazz protéiforme Maisha, son envie de traduire comment les traditions d’Afrique de l’Ouest se sont manifestées et ont interagi avec son expérience de jeune homme noir installé à Londres était trop forte pour qu’il puisse l’ignorer. C’est ainsi qu’est né, en 2019, le Balimaya Project.
Encouragé et soutenu par l’initiative citoyenne Jazz Re:freshed, il a monté un groupe de 16 musiciens de tous âges et de tous milieux, unis comme lui par leur expérience de ce qu’il appelle la « troisième culture » des migrants de la deuxième génération. S’appuyant sur le talent et le savoir-faire de musiciens originaires d’Afrique de l’Ouest et installés à Londres, Balimaya Project a cherché à s’engager intentionnellement sur des chemins musicaux et culturels trop souvent négligés en Afrique.
« Avec Balimaya Project, je souhaite encourager les gens à découvrir les spécificités de cette musique, explique l’artiste. Il n’est pas seulement question d’un folklore, mais de la manière dont il s’est développé et dont ses enfants l’ont reçu, parce qu’il est très contemporain et très vivant. »
C’est en 2021 que Balimaya Project a sorti son premier album, Wolo So. Comparé à l’Egypt 80 de Fela Kuti et à l’Arkestra de Sun Ra pour la puissance et l’envergure du groupe, cette célébration des polyrythmies collectives, des cuivres flamboyants et du style virtuose de la kora a posé les bases. Le succès critique de l’album a propulsé le groupe d’une relative obscurité à la tête des festivals du monde entier, du Supersonic Jazz d’Amsterdam au SXSW d’Austin, au Texas. Au début de l’année 2023, Camara Onono a réalisé son rêve d’emmener le groupe au Sénégal pour qu’il s’y produise.
Si le premier album de Balimaya Project mettait l’accent sur la tradition et la culture au sens collectif, When The Dust Settles, dont la sortie est prévue pour juillet 2023, est un deuxième album très personnel et tout en émotion, qui vient puiser dans la fraternité et l’entraide inhérentes au projet.
« Entre le premier album et celui-ci, une chose nous lie vraiment : la notion de famille et notre attachement se renforcent à chaque fois », explique-t-il. Balimaya – « essence de la parenté » en langue maninka – aura été conçu dès le départ comme un espace sûr et bienveillant où les jeunes artistes noirs puissent créer ensemble.
Nouvelle étape en matière de son et d’approche, When The Dust Settles met en avant ce qu’a vécu Camara Onono, en traitant de la mort de son frère aîné, de la perte d’un enfant, de la paternité, de la migration, de la survie et de la recherche de la vérité. « Ces sujets personnels pourront parler à d’autres, je pense. Mais ils s’inscrivent aussi dans la vie d’un jeune noir de la diaspora, c’est-à-dire le chagrin, la colère, la rage, la joie, toutes ces choses qui font un homme, en particulier un homme noir, – des sentiments et des émotions que tout le monde partage. »
Si le jazz mandingue et le mélange des genres inscrivent à bien des égards l’album dans la continuité du précédent, When The Dust Settles marque également un changement de cap. Resserré autour d’un noyau dur de treize membres, le groupe a abordé l’enregistrement et l’écriture de façon différente. Plutôt que d’arriver en studio avec un ensemble d’idées préparées, les musiciens ont en grande partie travaillé sous forme de sessions. Camara Onono a orienté le processus tout en s’appuyant sur les styles et les aptitudes de chaque membre. Détermination et cohésion, les grandes forces de Balimaya Project, en font une aventure sans limites.