Ezra Collective
Selon les mots de son leader Femi Koleoso, Dance, No One’s Watching est une déclaration de liberté. « Ce disque dit que vous pouvez être qui vous voulez, indépendamment de ce qui vous entoure, de ce que les gens racontent, parce qu’au fond, personne ne vous regarde. Ne laissez pas le point de vue de quelqu’un d’autre voler votre joie. »
Depuis sa création en 2012, le collectif composé de cinq membres – les frères Femi et TJ Koleoso, Ife Ogunjobi, James Mollison et Joe Armon-Jones – est devenu l’un des groupes les plus éclectiques et les plus appréciés de Grande-Bretagne. Leur œuvre a mélangé des sons qui ont défini le Londres contemporain. Le groupe est devenu un reflet, ainsi qu’un produit, du riche éventail de musiques, de cultures et de gens qui ont trouvé leur chemin vers la ville et en ont fait leur foyer. Aujourd’hui, après une année 2023 exceptionnelle, Ezra Collective est prêt à entamer un nouveau chapitre de son existence avec la sortie d’un troisième album studio, Dance, No One’s Watching.
Dance, No One’s Watching est une ode à l’acte sacré et joyeux de la danse, qui nous guide en musique à travers une nuit en ville, de l’ouverture des possibles alors qu’une nouvelle soirée se profile à l’horizon, aux dernières heures de l’aube quand la nuit se termine. Il s’agit d’une célébration des nombreuses scènes qui accueillent ces moments de libération et d’indépendance. L’album tisse tout du long une gamme éclectique, accessible et riche de sons, de genres et de rythmes. Il met l’accent sur le pouvoir transcendant de la musique, en jetant une lumière sur l’espace que le mouvement et la danse occupent dans nos vies.
Écrit au cours d’une année 2023 explosive qui les a vus parcourir le monde, Dance, No One’s Watching documente les nombreux dancefloors qu’ils ont pu croiser. De Londres à Chicago, de Lagos à Sydney, la danse et le rythme nous relient. Ces chansons témoignent de cet esprit.
« Les albums sont censés être des instantanés. Ils sont censés documenter un moment. Cet album documente notre voyage à travers le monde avec le groupe. Et l’une des choses qui est devenue notre moteur à ce moment-là, c’est la sensation dingue qu’on avait en faisant danser les gens. »
Ayant grandi sous l’influence du grime, des stations de radio pirates comme Axe FM, des DVD cultes comme RiskyRoadz, ainsi que d’artistes comme Skepta et JME, véritables rois du nord de Londres, Ezra Collective a été forgé et fondé au club de jeunes Tomorrow’s Warriors. Ainsi en 2012, Femi et TJ se rendent dans le club pour participer au programme de développement du jazz, dirigé par l’icône jazz Gary Crosby. Ils y rencontrent Mollison et Armon-Jones, et finissent par former un groupe permanent.
Inspirés par des artistes comme Slum Village et D’Angelo, leurs premiers travaux utilisaient le jazz comme un vaisseau pour fondre de nombreux genres en un seul, faisant à la fois fusionner hip-hop et salsa, dub et reggae, et entendre d’une voix unique et raffinée le creuset londonien de cultures et de communautés. Londres est à nouveau la colonne vertébrale de ce nouvel album. Bien que les influences soient variées, de l’église afro-américaine à la Chicago House, la ville est là, soulignant tout ce qui est entendu et ressenti.
« Le truc le plus londonien, c’est d’enfreindre toutes les règles. Pour moi, c’est l’accent londonien de l’album. C’est l’élément “maison” qui l’habite. C’est ce qui fait de nous Ezra Collective. C’est de là que vient cette confiance sauvage. Nous sommes des Londoniens. »
Une note vocale de la légende du football d’Arsenal, Ian Wright, se glisse à un moment entre nos oreilles. Ailleurs, on retrouve certains des artistes les plus talentueux de la ville, comme Yazmin Lacey sur ‘God Gave me Feet For Dancing’ et Olivia Dean sur ‘No One’s Watching’. Le titre ‘N29’ est quant à lui un clin d’œil au bus de nuit qui relie Trafalgar Square à Enfield. Pour TJ, « C’est une chanson de fin de soirée, sur le retour à la maison ».
Les influences ne se limitent pas à leur ville natale. Le rappeur ghanéen M.anifest et la chanteuse sud-africaine Moonchild Sanelly sont invités sur le morceau phare de la fin de l’album, ‘Streets Is Calling’ pendant que James Mollison dévoile l’inspiration de ‘The Herald’, de Pharrell à Fela Kuti. Le Nigeria est omniprésent sur l’album, dans des chansons comme ‘Ajala’ et ‘Shaking Body’, ainsi que sur ‘Palm Wine’. Le morceau s’inspire du highlife nigérian et ghanéen, son titre est un clin d’œil à une boisson de base dans diverses cultures d’Afrique de l’Ouest. Les multiples facettes de la chanson résument l’esprit de l’album. « C’est un beau morceau », explique Ife Ogunjobi. « On peut le comprendre de différentes façons. On peut danser dessus, mais c’est aussi une réflexion. Il y a plusieurs niveaux de profondeur dans ce morceau. »
Le deuxième album d’Ezra Collective, Where I’m Meant to Be, sorti en 2022, a marqué son époque, et constitué l’amorce d’une phase historique pour le groupe. Ezra Collective est devenu en septembre 2023 le premier groupe de jazz à remporter le Mercury Prize lors d’une soirée historique à l’Eventim Apollo de Londres. Ils se sont produits à Glastonbury, puis lors d’une autre soirée historique au Royal Albert Hall en novembre. La boucle était bouclée, en référence à une première apparition au Royal Albert Hall en 2012, durant les premières années de leur carrière, en montant sur scène pour les Children Proms organisés par l’organisation caritative Music for Youths. Ils avaient joué cinq minutes. « Cette fois, on a eu deux heures », dit Femi.
Ces nuits mémorables à Londres ont été accompagnées d’une série de dates partout dans le monde. Ils ont parcouru la planète, traversant l’Europe puis l’Asie, avec des passages au Japon, en Thaïlande, à Singapour et en Australie. Ils ont également donné six concerts consécutifs au Blue Note Jazz Club de New York, et se sont produits en Californie et au Canada. Cette période a connu son apogée avec un concert décisif pour la carrière du groupe au Nigeria, dans l’emblématique New Afrika Shrine de Fela, à Lagos.
« C’est quelque chose d’encore plus grand que le Mercury Prize », expliquait Femi au Guardian en octobre 2023 au Shrine. « Je ne me suis jamais assis avec un stylo et du papier en me disant que je devais écrire quelque chose pour remporter un Mercury Prize, mais je me suis à coup sûr assis en me disant que je devais me rendre au Shrine avec mes frères… C’est en fait ce que je suis dans une salle de concert. Sous forme de musique. Cela signifie tellement, tellement de choses. Je ne peux pas l’exprimer avec éloquence. »
Ces voyages à travers les mondes et les scènes ont jeté les bases de Dance, No One’s Watching. Les membres du collectif ont façonné l’album en voyageant d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre. Ils ont écrit et enregistré dans des bus de tournée, dans des avions, sur scène, entre les concerts, pendant les balances. Quelqu’un envoyait une note vocale sur une mélodie ou, sur scène, un membre du groupe jouait une ligne de basse. A partir de là, une nouvelle chanson commençait à prendre forme.
C’est ainsi que la plupart des premières ébauches de chansons ont été nommées d’après les lieux où elles étaient créées, portant au départ des titres comme ‘Amsterdam soundcheck’ et ‘Chicago’, ‘The Strand’ et ‘Tiny Desk’.
« Nous regardions les gens sur la piste pendant la création de l’album », explique Femi. « On ne réalise pas à quel point nous autres humains nous nous ressemblons quand nous dansons. A chaque concert que nous donnons, tout le monde se ressemble, car le sentiment d’union est le même. Nous avons ça en commun. C’est ce que représente l’album, tous ces différents lieux où on dansait. Un peu de Glastonbury, un peu fête, un peu d’église. »
De retour à Londres, ils se rendent dans les studios d’Abbey Road pour transformer cette collection de chansons en un album affirmé et cohérent. Dance, No One’s Watching est né de ces sessions, et d’un moment spécial. Le groupe est surpris au cours de l’enregistrement par un groupe d’amis proches et des membres de la famille, la session se transforme en une célébration à plusieurs de l’amour, de la musique et de la danse.
« L’essence même d’Ezra Collective s’articule autour du mot “collectif”. C’est une affaire de famille, c’est une affaire d’inclusion. Il est étrange que nous ayons fait tant de disques où le collectif au-delà du groupe n’était pas présent. Pour cet album, je suis très reconnaissant d’avoir pu réunir toute la famille. C’est ce qui l’a rendu si spécial ».
Le lien qu’ils entretiennent avec leurs fans reste au cœur de l’album. Durant cette série de concerts en 2023, le groupe remarque qu’après chaque spectacle, la messagerie des membres se remplit: les gens leur adressent des mots tendres et sincères sur la bien-être et la joie qu’ils ont éprouvé à chaque concert, comme par exemple: « J’ai perdu mon père il y a deux mois. C’est la chose la plus douloureuse que j’aie jamais vécue, il était mon meilleur ami, mais pour la première fois depuis que c’est arrivé, j’ai pu danser comme un fou et ressentir de la joie. » Ou encore : « Je ne danse pas d’habitude, mais là j’ai ressenti une véritable liberté.»
« Dance, No One’s Watching résume ces témoignages : de la musique, des souvenirs et des scènes gravés dans la pierre au fil de 19 chansons. C’est un disque qui parle du pouvoir unificateur de la danse. Prévu pour l’automne 2024, puissant et unique, il vient enrichir un catalogue qui continue de tracer une nouvelle voie audacieuse au sein de la musique britannique contemporaine. »